Question orale sur l’intégration du secteur de l’humour dans les politiques de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Question orale de GARDIER Charles à LINARD Bénédicte, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes, sur l’intégration du secteur de l’humour dans les politiques de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Madame la Ministre, le 28 septembre dernier, mon collègue Matteo Segers et moi-même vous interrogions sur l’intégration de l’humour dans les politiques culturelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Historiquement, le secteur de l’humour s’est construit en dehors de tout financement public, et l’on peut saluer toutes les initiatives culturelles qui se sont développées de la sorte. Cependant, à la suite de la pandémie de la Covid-19, la réalisation d’une cartographie de l’humour serait accueillie avec bienveillance, car elle permettra à l’avenir de cibler davantage les aides que le monde de l’humour est en droit de recevoir en cas de situation exceptionnelle, telle que celle que nous connaissons depuis deux ans.
Un groupe de travail avait été mis sur pied afin de réfléchir à l’avenir du secteur. Il rassemblait des représentants du secteur, à savoir des comédiens, des promoteurs, des gestionnaires de lieux, des programmateurs, des membres du service des arts vivants de l’Administration générale de la culture (AGC) et un membre de votre cabinet chargé de cette matière. Lors de nos dernières discussions sur le sujet, vous avez affirmé que le rapport du groupe de travail devait être présenté le 14 octobre 2021 dans le cadre des Assises de l’humour organisées lors du Festival international du Rire de Rochefort. Les organisateurs avaient alors contacté votre cabinet le 21 septembre pour lui annoncer qu’ils devaient reporter l’événement une nouvelle fois et que les Assises se tiendraient finalement le 27 mai 2022.
Madame la Ministre, le rapport du groupe du travail est-il désormais disponible? Dans l’affirmative, pourrions-nous en prendre connaissance? Pouvez-vous me tenir au courant du calendrier de l’intégration de l’humour – dont l’intérêt fait l’unanimité – dans les politiques culturelles de la Fédération Walloni e- Bruxelles?
Le périmètre des acteurs culturels pouvant intégrer ce secteur a-t-il d’ores et déjà été délimité? À cet égard, dispose-t-on d’un calendrier quant à une modification du décret du 13 octobre 2016 modifiant le décret-cadre du 10 avril 2003 relatif à la reconnaissance et au subventionnement du secteur professionnel des Arts de la scène? D’autres décrets devraient-ils être modifiés? Si oui, lesquels?
Enfin, sur quels aspects de ce dossier relatif au secteur de l’humour serait-il possible d’avancer sans attendre les Assises du mois de mai 2022?
Réponse de la Ministre
Le groupe de travail constitué à la suite du travail exploratoire de mon cabinet sur la représentation de l’humour dans les politiques culturelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles a fourni un travail précieux, tout comme le rapport qui en a résulté. La présentation de ce rapport a malheureusement été reportée à cause des circonstances sanitaires: une première fois en raison de l’annulation des Assises de l’humour qui devaient se tenir en marge du Festival de Rochefort; une seconde fois à la suite de nouvelles restrictions qui ont empêché la présentation des résultats au début du mois de décembre dernier au Kings of Comedy Club à Bruxelles.
Monsieur le Député, j’aurais aimé vous annoncer en ce jour que nous avons trouvé une solution. Or, j’ai appris aujourd’hui qu’à la demande des artistes concernés, nous devions reporter une fois de plus notre rencontre avec les membres du groupe de travail. La présentation du rapport doit désormais avoir lieu au mois de mars, toujours au Kings of Comedy Club. Le rapport sera publié dans la foulée.
Néanmoins, mon cabinet a d’ores et déjà entamé le travail pour donner suite à certaines propositions formulées en conclusion du rapport. Tout d’abord, j’ai demandé au Service de la diffusion des arts de la scène, chargé de l’organisation du festival ProPulse, d’intégrer un représentant du secteur, issu de la Fédération belge des professionnels de l’humour (FBPH), pour qu’il siège au sein du jury de sélection dudit festival.
Ensuite, un budget spécifique dédié à l’humour sera attribué par la Commission des arts vivants dans le cadre du renforcement des aides à la création pour redéployer la culture. Ce premier soutien prendra la forme de sept bourses de recherche et de création d’un montant de 5 000 euros. De même, dans le cadre du renforcement des aides à la diffusion, plusieurs mesures spécifiques permettront au secteur de l’humour d’accéder plus facilement à des outils indispensables, comme les reconnaissances «Art et Vie», les aides à la diffusion pour des lieux encore non reconnus ou hors quotas ou encore le soutien à des tournées sectorielles. Toutes ces mesures sont détaillées sur le portail web du Service de la diffusion des arts de la scène.
Je suis consciente que ces avancées ne constituent qu’un premier pas et qu’un important travail reste à mener. Il convient notamment d’intégrer formellement l’humour comme une discipline à part entière des arts vivants dans le décret du 13 octobre 2016 modifiant le décret-cadre du 10 avril 2003 relatif à la reconnaissance et au subventionnement du secteur professionnel des Arts de la scène. Le travail en ce sens avance bien. Le texte devrait être soumis en première lecture au gouvernement dans les prochaines semaines.
Je le réaffirme devant vous, ma volonté est de décloisonner la culture, de sortir progressivement des logiques de silo et de tendre vers un élargissement du champ des disciplines, condition indispensable au respect de la diversité culturelle que je défends au quotidien.
Réplique
L’augmentation du nombre de fédérations, qui sont autant de relais vers le secteur, est essentielle. Vous avez cité une série d’avancées, Madame la Ministre. Ce sont effectivement de premiers pas. Je comprends que le travail est en cours, mais il serait plus aisé de disposer du rapport pour évaluer l’adéquation de ses recommandations avec les demandes légitimes du secteur. Toutefois, cela ne saurait tarder, puisque la présentation du rapport doit avoir lieu en mars. Le secteur mérite pleinement d’être reconnu, car l’humour fait partie de notre identité. Je ne doute pas que vous allez vous pencher sur ce dossier avec volontarisme.