Question orale sur l’implication de la Wallonie dans le développement de projets électriques en République démocratique du Congo
Question orale de GARDIER Charles à DI RUPO Elio, Ministre-Président du Gouvernement wallon, sur l’implication de la Wallonie dans le développement de projets électriques en République démocratique du Congo.
Monsieur le Ministre-Président, les barrages d’Inga en République démocratique du Congo font partie d’un projet gigantesque de création d’électricité verte en Afrique. Lancée en 1958, l’élaboration de ce complexe hydroélectrique situé entre la capitale Kinshasa et l’embouchure du fleuve Congo dans l’océan Atlantique n’est toujours pas achevée. Elle est de surcroît souvent ralentie, voire arrêtée en raison de conflits commerciaux. Le dernier épisode de cette saga date de janvier dernier et concerne un désaccord entre deux acteurs d’un consortium sino-espagnol quant à un projet de 14milliards de dollars en vue de l’élargissement des capacités des barrages à hauteur de 11 000 mégas watts. Considérés par la presse internationale comme l’un des chantiers majeurs du 21e siècle, les barrages d’Inga représentent un enjeu majeur d’approvisionnement en électricité pour la région et pour une majeure partie de l’Afrique. À cet égard, l’Agence belge de coopération au développement est active sur le terrain, notamment autour du site électrique de Karavia.
Suite à la mission belge menée par la Première ministre, Sophie Wilmès, en février dernier, l’autorité fédérale et la Wallonie peuvent jouer un rôle accru dans la Région.
La Déclaration de politique régionale nous encourage à aller dans ce sens.
Dès lors qu’elle affiche l’ambition de votre Gouvernement de maintenir la Wallonie en tant que « Région ouverte sur le monde pleinement inscrite dans une vision multilatérale ». Dans cette optique, « Le Gouvernement fera plein usage de ses compétences en matière internationale, de coopération au développement et de commerce extérieur ».
Dans le cadre des relations internationales de la Wallonie, pouvez-vous nous indiquer si des entreprises wallonnes sont impliquées dans le développement de projets électriques en République démocratique du Congo ?
Aux regards des enjeux géopolitiques, énergétiques et sociaux que représente l’achèvement des barrages d’Inga, est-il envisageable pour la Wallonie d’accroître sa présence sur le terrain ?
Dans le cadre de la formation des électriciens intervenant autour du site de Karavia, Enabel a indiqué faire appel au FOREm. Vous est-il possible de nous communiquer des détails sur les modalités pratiques de cette formation, en ce compris le nombre d’électriciens wallons actuellement concernés par le secteur de l’électricité en RDC ?
Je vous remercie, Monsieur le Ministre-Président, pour les réponses que vous voudrez bien m’apporter.
Réponse du Ministre
Monsieur le Député, la construction du barrage Inga III constitue, comme vous l’avez indiqué, un défi majeur pour la République démocratique du Congo.
Non seulement en termes de retombées économiques, mais aussi pour l’amélioration du quotidien des Congolais.
Il faut se souvenir que seuls 8 % des Congolais ont accès à l’électricité aujourd’hui, ce qui est très faible.
Dans certains pays du Sud, l’expertise reconnue des entreprises wallonnes peut certainement aider.
Une mission économique était prévue en mars 2020. D’ailleurs, le ministre Borsus et moi-même avions signalé à la présidence de la République, à M.Tshisekedi, que nous nous rendions au Congo. Hélas, le covid-19 en a décidé autrement.
Pour le moment, c’est reporté. On verra à quel moment nous pourrons y aller. Dès à présent, Monsieur Gardier, je dois vous dire que c’est un sujet important. Si les frontières s’ouvrent et que des garanties sanitaires existent, nous ferons la démarche. Maintenant, c’était une démarche économique et une démarche avec des entreprises. Donc, il faut remobiliser tout le monde et il faut toujours laisser un délai pour réunir nos entreprises wallonnes.
ABC Contracting, Groupe Putman, Solarly, JLA Hydro et Global Process Automation Industry s’étaient associés à la mission.
Il y a un grand intérêt pour les entreprises wallonnes.
Quant à Tractebel Engineering, l’entreprise est déjà installée au Congo, comme vous le savez. C’est une entreprise impliquée dans des projets pour différents acteurs du secteur énergétique.
L’entreprise travaille avec le Ministère de l’Électricité et des Ressources hydrauliques, la Société nationale de l’électricité d’Enabel, l’Entreprise générale Malta Forrest et la société Congo Energy.
La Wallonie, au travers de ses postes diplomatiques et commerciaux WBI et AWEx, comme je viens de l’indiquer, reste attentive aux opportunités que pourraient saisir les entreprises wallonnes dans ce secteur hautement stratégique. On continuera d’essayer de mobiliser les entreprises de chez nous capables de contribuer d’une manière ou d’une autre à la construction de ce producteur d’électricité par voie hydraulique.
J’en viens maintenant à votre question sur l’implication du FOREm.
Renseignements pris, il semble y avoir une confusion liée à la présence de deux représentants du FOREm à Lubumbashi.
Ils étaient présents dans le cadre d’un projet mené par Enabel, au moment de la mission fédérale belge de février dernier.
Aucune demande d’expertise relative à la formation professionnelle dans les métiers de l’électricité en RDC n’a, à ce jour, été transmise officiellement au FOREm. Si elles sont transmisses, bien sûr nous donnerons suite. Si vous avez connaissance d’une telle démarche ou de la volonté d’effectuer la démarche, n’hésitez pas à nous tenir informés. On assumera bien entendu le suivi.
Réplique
Je remercie M. le Ministre- Président pour ses réponses concernant un enjeu majeur de l’avenir géopolitique dans cette région de l’Afrique et plus généralement sur tous vos éclaircissements sur les potentielles opportunités que représente un investissement wallon dans ce dossier.
Le coût total pour achever ces travaux est estimé à 14 milliards de dollars. Ce devrait générer 25 000 emplois, dont 10 000 permanents. C’est quelque chose d’extrêmement conséquent et le président congolais, Félix Tshisekedi, ayant récemment annoncé qu’une tenue prochaine d’une conférence panafricaine sur la présentation des opportunités hydroélectriques en République démocratique du Congo, je ne manquerai pas de revenir vers vous afin de suivre avec attention l’évolution de ce projet d’une envergure internationale et continentale.
Je serai aussi attentif, si j’ai des informations par rapport à ces démarches FOREm. J’avais cette information. Je ne manquerai pas de vous en tenir au courant.