Question orale sur l’exploitation de la crédibilité scientifique des événements-tests réalisés en Fédération Wallonie-Bruxelles

Par Charles Gardier

Question orale de GARDIER Charles à LINARD Bénédicte, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes, sur l’exploitation de la crédibilité scientifique des événements-tests réalisés en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Madame la Ministre, le 28 septembre 2021, je vous avais interrogée au sujet du croisement des données scientifiques issues des événements-tests en Fédération Wallonie-Bruxelles. À l’époque, les acteurs du secteur culturel avaient l’intime conviction que, moyennant le respect de certaines contraintes logistiques, il était tout à fait possible de maintenir ouvert le secteur culturel. Cette conviction s’est transformée en certitude. Lesdits événements-tests n’ont pas seulement servi à prouver scientifiquement ce que nous pressentions déjà, ils ont permis d’éprouver et d’approuver des protocoles permettant de maintenir un secteur ouvert, malgré d’éventuels futurs rebonds de la pandémie de Covid-19. Admettons qu’à ce sujet, nous restons évidemment sur nos gardes.

À plusieurs reprises depuis la dernière réunion du Comité de concertation (Codeco), j’ai eu l’occasion de me réjouir de la méthode qu’emploiera ce dernier lors de potentiels rebonds de la pandémie. Le Codeco prévoit ainsi l’évaluation de la plus-value épidémiologique du Covid safe ticket (CST) afin de réaliser un équilibre plus avantageux pour le monde culturel, trop souvent sacrifié sur l’autel du respect de mesures sanitaires. À cet égard, j’ai longtemps plaidé pour que les données scientifiques récoltées, tous secteurs et niveaux de pouvoir confondus, soient croisées afin d’établir le plus équitablement possible les mesures sanitaires à respecter à l’avenir.

Dans vos réponses, vous disiez à l’époque que, «concernant le croisement des données et le rapport global sur tous les événements-tests, il est du ressort du commissaire du gouvernement fédéral en charge de la gestion de la crise de la Covid-19. À ce jour, je n’ai pas connaissance de l’existence d’un rapport comprenant l’ensemble des résultats scientifiques des tests réalisés. Le seul rapport reçu n’inclut pas les résultats des tests menés en Fédération Wallonie-Bruxelles, pourtant communiqués au commissaire au début du mois de juillet». Vous ajoutiez encore qu’«un rapport récent du Groupe d’experts «Stratégie de gestion» (GEMS) relevait ainsi que les cinémas et les théâtres ont rouvert depuis un bon moment sans qu’aucun foyer de contamination important n’ait été constaté. Lire ces mots dans un rapport du GEMS constitue une véritable victoire dont nous pouvons nous réjouir». Mieux vaut tard que jamais!

Il y a eu depuis lors de nombreuses concertations. Je ne doute pas que vous ainsi que vos homologues flamand et germanophone partagé le souhait que les efforts entrepris par les Communautés en matière de gestion des conséquences de la pandémie de Covid-19 soient exploités au mieux et au bénéfice des compétences communautaires.

Avez-vous plaidé auprès du commissaire du gouvernement fédéral en charge de la crise du coronavirus en Belgique pour que soient compilées et croisées les données scientifiques issues des événements-tests en Fédération Wallonie-Bruxelles? Qu’est-il par ailleurs ressorti du dialogue avec cette institution? Pourriez-vous présenter brièvement le contenu du rapport qui vous a été présenté par ledit commissaire lors de la réunion de la conférence interministérielle Culture (CIM Culture) du 29 novembre dernier?

Je suis obsédé par ce point, car j’ai profondément peur. J’ai peur que, si nous n’allons pas au bout de cette discussion et n’établissons pas des protocoles validés, la culture soit confrontée à une nouvelle fermeture à la rentrée. Je ne pourrais pas l’accepter! Je me permets dès lors d’insister sur la nécessité de croiser les données et d’écouter tous les scientifiques qui ne demandent qu’à objectiver les choses et à expliquer à quel point le secteur culture est sûr.

Réponse de la Ministre

À ma demande, le commissaire du gouvernement fédéral en charge de la crise du coronavirus en Belgique a compilé les résultats des différents événements tests menés en Belgique entre les mois de mai et de septembre 2021. Ensuite, il a présenté son rapport à la CIM Culture du 29 novembre dernier. Selon moi, ce rap- port n’est pas confidentiel. Si un membre de la commission le désire, je peux le lui transmettre.

Au total, 30 événements-tests ont été menés dans des domaines variés, aux quatre coins du pays. Pour rappel, la Fédération Wallonie-Bruxelles a organisé six événements-tests dans le secteur de la culture. Le rapport pointe que ces événements ont contribué à démontrer que des événements sûrs pouvaient être organisés s’ils respectaient certains principes. Ces principes peuvent être résumés en trois axes: un contrôle de l’accès, une gestion des foules contrôlée et une bonne ventilation des lieux. Les deux premiers éléments font partie intégrante de la pratique quotidienne des opérateurs culturels. En effet, les opérateurs ont démontré, lors de ces expériences, leur professionnalisme et leur expertise en la matière. Bien avant la pandémie, la plupart des opérateurs étaient déjà rompus à la gestion de foule et à l’application de protocole. En ce qui concerne la ventilation, le gouvernement prend sa part, puisqu’à mon initiative, des indemnités visant à l’acquisition de systèmes d’amélioration de la qualité de l’air sont octroyées actuellement.

Le rapport met également en évidence que peu de personnes ont été testées positives sur place. Ainsi, lors de la première phase, seules quatre personnes avaient été déclarées positives sur les vingt événements analysés. Selon les résultats du testing opéré après les événements, des contaminations ont été constatées lors de quatre événements et elles étaient limitées en nombre absolu. Le niveau de contamination se situe entre 0,5 et 1,1 %, ce qui correspond aux con-

clusions du rapport scientifique financé par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Néanmoins, le commissaire du gouvernement fédéral en charge de la crise du coronavirus en Belgique tempère ces conclusions. Il indique dans le rapport que ces chiffres s’expliquent, en partie, par la faible circulation du virus au moment de la première phase et par l’absence de testing a posteriori lors de plusieurs événements. Pour rappel, nous étions prêts à mener nos premières expériences dès le mois de mars 2021 et nous avons été contraints d’attendre le 7 mai avant d’organiser le premier concert test.

Par conséquent, nous avons contribué à fournir un cadre objectif de données documentant les risques de transmission du virus dans les lieux culturels. Je partage votre conviction selon laquelle, moyennant certaines mesures de précaution, ce risque est très faible. Cependant, les vagues que nous avons connues par la suite – avec l’apparition de nouveaux variants qui viennent changer les «règles du jeu» – doivent nous inciter à la prudence et l’humilité face à cette pandémie. Nous espérons tous qu’elle soit derrière nous.

Réplique

Madame la Ministre, votre réponse me satisfait plei- nement. Vous n’avez de cesse de démontrer votre volontarisme dans ce do- maine. La Fédération Wallonie-Bruxelles a été à la pointe des événements-tests, avec la volonté de croiser les résultats obtenus de façon objective et de tirer des conclusions de la situation. Les professionnels de la culture savent ce qu’il faut faire pour assurer la sécurité de leur salle. Je me demande parfois si on ne leur demande pas de fournir plus d’efforts que les autres, justement parce qu’ils en sont capables. Ça commence à bien faire!

Vous avez parlé de la ventilation. Certes, le rôle de la Fédération Wallonie- Bruxelles est positif, mais des incertitudes subsistent quant à ce qui sera demandé en définitive. Le secteur culturel est inquiet à juste titre. Ne lui demandons pas ce que l’on ne demande à aucun autre secteur. Je continuerai à être attentif et tenterai d’objectiver la situation pour éviter toute fermeture inconsidérée de la culture.