Question orale sur le suivi de l’intégration de l’humour et de l’improvisation dans les politiques culturelles en Fédération Wallonie-Bruxelles
Question orale de GARDIER Charles à LINARD Bénédicte, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes, sur le suivi de l’intégration de l’humour et de l’improvisation dans les politiques culturelles en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Madame la Ministre, le 9 mars dernier, je vous ai interrogée sur l’intégration du secteur de l’humour dans les politiques cultu- relles de la Fédération Wallonie-Bruxelles. À cette occasion, vous m’avez con- firmé que le groupe de travail destiné à cartographier le secteur de l’humour était composé de dix membres et que cette composition avait été validée par le gouvernement par le biais d’une note d’orientation présentée le 17 décembre2020.
En outre, en réponse à une question posée le 18 mai dernier par mon collègue Matteo Segers et concernant l’improvisation théâtrale et musicale, vous avez confirmé que le rapport du groupe de travail contenait douze recommandations. Celles-ci ont depuis lors été soumises par des membres du groupe de travail à un panel plus large de représentants du secteur lors d’une table ronde co-organisée par votre cabinet et les fédérations professionnelles du secteur dans le cadre du Festival international du rire de Rochefort, lequel commence demain. Le 18 mai toujours, vous avez indiqué que le rapport alimenterait votre travail, notamment la préparation de la révision du décret du 13 octobre 2016 modifiant le décret-cadre du 10 avril 2003 relatif à la reconnaissance et au subventionnement du secteur professionnel des Arts de la scène, dans le sens d’une plus grande inclusivité de ses disciplines.
Avez-vous obtenu les retours du secteur concernant les conclusions du rapport du groupe de travail sur l’humour en Fédération Wallonie-Bruxelles? Dans l’affirmative, quels sont ces retours? Le Conseil supérieur de la culture (CSC) s’est-il prononcé sur les conclusions dudit rapport? Si oui, quel a été son avis?
En outre, le secteur de l’improvisation théâtrale en Fédération Wallonie- Bruxelles a acté, lors de son assemblée générale du 23 avril dernier, la création de l’Union d’improvisation théâtrale belge (UNIT). Le 18 mai dernier, vous avez également indiqué que votre cabinet suivait avec attention ce processus, notamment par des rencontres avec les membres de deux organisations impor- tantes que sont la Ligue d’improvisation professionnelle Wallonie-Bruxelles et la Ligue d’improvisation belge professionnelle, lesquelles travaillent en collaboration avec cette nouvelle fédération qu’est l’UNIT.
Pouvez-vous faire le point sur les démarches de reconnaissance menées par le secteur de l’improvisation théâtrale? À quelle fréquence les rencontres entre l’UNIT, d’un côté, et la Ligue d’improvisation professionnelle Wallonie-Bruxelles et la Ligue d’improvisation belge professionnelle, de l’autre, se déroulent-elles? Qu’en ressort-il? Quelles sont les prochaines étapes à franchir dans ce dossier?
Réponse de la Ministre
Les secteurs de l’humour et de l’improvisation se sont principalement développés en dehors de tout financement public. Ils ont donc été contraints d’adopter, petit à petit, une logique économique privée. Les cadres de reconnaissance réglés par décret, le renforcement de l’accessibilité des publics, la médiation, le soutien àl’émergence des artistes et la rémunération du travail artistique ne sont pas formalisés par les opérateurs, bien que certains pointent ces lignes de force. Œuvrer à une reconnaissance de ces secteurs permettra de réaffirmer les objectifs de la Fédération Wallonie-Bruxelles en la matière et d’associer de nouveaux opérateurs culturels aux volontés énoncées dans la Déclaration de politique communautaire (DPC).
Mon cabinet se tient à disposition de l’UNIT pour soutenir ses démarches visant à fonder une association et fédérer le secteur. Nous leur avons fait parvenir les résultats du travail mené autour du secteur de l’humour. Les deux démarches sont comparables, même si les secteurs sont évidemment singulièrement différents. L’UNIT a montré la volonté de s’inscrire dans une démarche de même type. Elle a commencé par réaliser un cadastre du secteur de l’improvisation et de ses objectifs. Il a été convenu qu’elle revienne vers nous une fois le travail mené à bien.
Quant au secteur de l’humour, les choses ont bien avancé depuis notre dernière discussion. Le gouvernement a adopté, le 17 décembre 2020, une note d’orientation basée sur le travail exploratoire mené par mon cabinet depuis le mois de septembre 2020. Celle-ci actait la création d’un groupe de travail dédié à l’humour chargé d’intensifier le travail de cartographie et de recommandation à raison d’une session par mois entre janvier et juin 2021. Les missions de ce groupe de travail étaient les suivantes: identifier les types d’acteurs composant le secteur et en établir un périmètre; circonscrire les enjeux pour le secteur; identifier les besoins éventuels de soutien public; établir des recommandations pour intégrer le secteur de l’humour dans les dispositifs législatifs de la Fédéra- tion Wallonie-Bruxelles.
Le groupe de travail rassemblait des représentants du secteur, à savoir des comédiens, des promoteurs, des gestionnaires de lieux, des programmateurs, des membres du service des arts vivants de l’Administration générale de la culture (AGC) et un membre de mon cabinet en charge de cette matière. Il s’est réuni à six reprises et a finalisé un rapport d’une quinzaine de pages qui dresse, en plus d’une cartographie du secteur et de ses acteurs, des recommandations et des propositions.
Les mesures suivantes ont déjà été prises sur la base des recommandations: la création d’un budget et d’une session spécifique dédiée à l’humour au sein de la commission des arts vivants dans le cadre du renforcement des aides à la création; le renforcement des dispositifs d’aide à la diffusion, comme les Tournées Art et vie et Spectacle à l’école, avec notamment un accès facilité aux catalogues des spectacles d’humour et une ouverture aux lieux précédemment hors quota, comme les cafés-théâtres; l’instauration d’aides aux tournées thématiques prévues au début de l’année 2022, toujours dans le cadre du renforcement des aides à la diffusion; le soutien à plusieurs acteurs importants encourageant l’émergence de l’humour, tels que le Kings of Comedy Club, le Made In Brussels Show ou What The Fun, grâce à la dotation de la Loterie Nationale dévolue à la culture en Fédération Wallonie-Bruxelles; le soutien financier à la Fédération belge des professionnels de l’humour; l’intégration des spectacles d’humour dans la programmation du festival ProPulse 2022 et de représentants du secteur dans le comité de sélection.
Le rapport du groupe de travail devait être présenté le 14 octobre prochain dans le cadre des assises de l’humour organisées lors du Festival international du rire de Rochefort. Les organisateurs ont contacté mon cabinet le 21 septembre pour lui annoncer qu’ils devaient les reporter une nouvelle fois. Les assises se tiendront finalement le 27 mai 2022. Nous réfléchissons donc à de nouvelles modalités pour présenter les résultats de ce travail constructif dans les meilleurs délais.
Réplique
L’échéance du 22 mai 2022 est tardive, mais vous n’en êtes pas responsable, Madame la Ministre. Quel paradoxe, tout de même! Alors que la Fédération Wallonie-Bruxelles est internationalement reconnue pour son humour, son autodérision et les talents qui les incarnent, il aura fallu cette période particulière pour s’atteler à la légitime reconnaissance de ces artistes chez nous. La pandémie nous aura montré que cette reconnaissance était en outre essentielle: ces artistes jouent un rôle de premier plan dans notre société et notre paysage culturel. Je vous invite à continuer à œuvrer dans ce sens.