Question orale sur le croisement des données scientifiques issues des événements-tests
Question orale de GARDER Charles à LINARD Bénédicte, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes, sur le croisement des données scientifiques issues des événements-tests en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Madame la Ministre, je souhaite revenir sur un vœu que j’avais formulé – et que nous avions formulé – lors de la réunion de commission du 13 juillet dernier, à savoir le croisement des données scientifiques issues des événements-tests réalisés en Fédération Wallonie-Bruxelles dans le secteur culturel et dans d’autres disciplines telles que le sport.
Depuis de nombreux mois, l’intime conviction des acteurs du secteur culturel s’est transformée en une certitude : moyennant le respect de certaines contraintes logistiques, il est tout à fait possible de maintenir ouvert le secteur culturel. Lesdits événements-tests n’ont pas seulement servi à prouver scientifiquement ce que nous pressentions déjà, mais également à éprouver et approuver des protocoles permettant de maintenir un secteur ouvert, malgréd’éventuels futurs rebonds de la pandémie de Covid-19.
Bien entendu, la campagne de vaccination suit son cours et plus cette dernière avancera, plus nous pourrons faire face au virus. Dans l’intervalle, il est impor- tant de parer à toute éventualité et, bien entendu, de croiser les données avec les événements-tests effectués dans d’autres secteurs que la culture.
L’élaboration des protocoles fait-elle encore l’objet de discussions au sein de la conférence interministérielle Culture (CIM Culture)? Dans l’affirmative, qu’en ressort-il? Le croisement des données scientifiques a-t-il en outre fait l’objet de discussions au niveau du gouvernement? Qu’en est-il ressorti? Quelles suites avez-vous réservées aux conclusions du rapport scientifique? Un croisement des données issues de rapports élaborés à la suite d’événements-tests réalisés dans d’autres secteurs a-t-il déjà été effectué? En définitive, quelles conclusions et suites utiles pouvons-nous espérer de cette mobilisation et de la démonstration qui en a découlé sur la capacité des opérateurs, culturels et autres, à mettre en œuvre des protocoles validés?
Réponse de la Ministre
La Fédération Wallonie-Bruxelles a pris une part importante dans le travail et la concertation pour des protocoles justes, proportionnés et adaptés aux spécifici- tés sectorielles. Je tiens cependant à vous rappeler que, bien que la CIM Culture favorise le dialogue entre les différents niveaux de pouvoir pour évaluer l’impact de la crise et les pistes afin d’y répondre au mieux, les mesures sani- taires sont quant à elles décidées par le Comité de concertation (Codeco).
Les événements-tests que nous avons réalisés aux mois de mai et juin 2021 ont été riches en enseignements, comme en témoigne le rapport présenté publiquement en juillet dernier. Une copie de ce rapport a d’ailleurs été envoyée à certains membres de cette commission qui en avaient émis le souhait. Grâce à cette étude, la Fédération Wallonie-Bruxelles a apporté un éclairage nouveau sur les événements culturels. Au début de la crise, ceux-ci cristallisaient la crainte de certains experts. Aujourd’hui, tout le monde reconnaît le sérieux et le professionnalisme de ce secteur. Un rapport récent du Groupe d’experts «Stratégie de gestion» (GEMS) relevait ainsi que les cinémas et les théâtres ont rouvert depuis un bon moment sans qu’aucun foyer de contamination important n’ait été constaté. Lire ces mots dans un rapport du GEMS constitue une véritable victoire dont nous pouvons nous réjouir.
Notre démarche fut tout à fait singulière à l’échelle européenne, comme en témoigne une rencontre qui s’est tenue le mercredi 22 septembre dernier à la délégation du gouvernement de la Catalogne auprès de l’Union européenne. Un dialogue instructif a eu lieu entre mon cabinet et les organisateurs des festivals catalans Primavera Sound, Canet Rock et Cruïlla, eux aussi à la pointe en ma- tière d’événements-tests. Nos démarches sont complémentaires et ont contribué à montrer, d’une part, que le secteur culturel dispose d’une expertise unique dans la logistique et la gestion des foules et, d’autre part, que le risque de contamination lors d’une représentation culturelle moyennant le respect d’un protocole de base est extrêmement faible.
Concernant le croisement des données et le rapport global sur tous les événements-tests, il est du ressort du commissaire du gouvernement fédéral en charge de la gestion de la crise du coronavirus. À ce jour, je n’ai pas connaissance de l’existence d’un rapport comprenant l’ensemble des résultats scientifiques des tests réalisés. Le seul rapport reçu n’inclut pas les résultats des tests menés en Fédération Wallonie-Bruxelles, pourtant communiqués au commissaire au début du mois de juillet.
Cette compilation me semble pourtant indispensable afin de tirer les leçons des différentes expériences menées en Fédération Wallonie-Bruxelles et ailleurs. Le jeudi 16 septembre dernier, j’avais mis ce point à l’ordre du jour de la CIM Culture. Un dialogue informel entre ministres a eu lieu et nous avons relayé notre demande auprès du commissaire du gouvernement en charge de la gestion de la crise du coronavirus. Celui-ci a été chargé de nous présenter un rapport actualisé et transversal sur les événements-tests à l’échelle du pays. Cette présentation aura lieu lors de la CIM Culture du 29 novembre prochain.
Réplique
Madame la Ministre, vos réponses me rassurent. Je n’en doutais pas! Ce combat, nous l’avons mené ensemble. La Fédération Wal- lonie-Bruxelles s’est en effet impliquée de manière tout à fait significative dans ce domaine. Ma seule crainte est que nous soyons seulement des précurseurs isolés dans cette volonté de prendre en considération la gestion du risque plutôt que la gestion de crise, dans cette volonté de mettre en œuvre des protocoles validés scientifiquement pour permettre à différents secteurs, dont la culture, de rester ouverts en cas de rebond.
Je suis très heureux d’entendre que le GEMS perçoit enfin le secteur culturel différemment. Il était temps! Pourquoi cette défiance? Pourquoi maltraiter tout un secteur? Je m’arrête sur ce point, car si on n’acte pas qu’il y a réellement eu une défiance excessive, cette situation se reproduira. Après tous ces mois de ba- garre et grâce à une attitude volontariste de la Fédération Wallonie-Bruxelles, il était temps de constater que cette perception très négative du secteur culturel était largement exagérée, pour ne pas dire inacceptable!
Je resterai attentif à l’évolution de ce dossier, car ces événements-tests n’ont de sens que s’ils débouchent sur des protocoles validés. Ceux-ci doivent permettre à ces secteurs de rester opérationnels, même en cas de problème. Si nous faisons autant de bruit autour de la réussite de ces événements-tests et des conséquences qui en découlent, nous avons aussi répété, en amont, qu’il ne fallait surtout pas traiter le monde culturel comme tous les autres secteurs! Je tenais à le rappeler haut et fort.