Question orale sur le contrat de filière des musiques actuelles en Fédération Wallonie-Bruxelles

Par Charles Gardier

Question orale de GARDIER Charles à LINARD Bénédicte, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes, sur le contrat de filière des musiques actuelles en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Le 3 février dernier, le gouvernement a approuvé une note d’orientation relative à l’instauration d’un contrat de filière des musiques actuelles en Fédération Wallonie-Bruxelles. Le contrat de filière a pour but de soutenir, en concertation avec le secteur, le développement et la structuration de la filière des musiques actuelles.

En ce moment, toute initiative visant à structurer davantage un secteur ne peut que le rendre plus solide à l’avenir, comme en témoignent les débats que nous avons eus sur le contrat de filière du livre lors de la dernière réunion de commission. Les contrats de ce type définissent de nouvelles mesures en faveur des acteurs de la filière qui s’ajoutent, sans s’y substituer, aux dispositifs d’aides existants.

Madame la Ministre, pouvez-vous présenter, dans les grandes lignes, la note d’orientation du gouvernement? Quel est l’état actuel des réflexions à ce sujet au sein de votre cabinet et de votre administration? Dans quelle mesure le secteur lui-même y est-il associé? Quelles sont vos priorités dans l’instauration du contrat de filière des musiques actuelles? Quelles sont les prochaines étapes à franchir dans ce dossier? Un calendrier a-t-il été établi?

Réponse de la Ministre

Le secteur des musiques actuelles est tout à fait particulier, principalement parce qu’il se fonde sur la notion d’indépendance. En effet, on parle d’indie rock ou de label indépendant. Ce n’est pas anodin: cela démontre la volonté et la tradition du secteur d’évoluer à la marge des politiques culturelles publiques.

La crise sanitaire a cependant révélé la fragilité du secteur des musiques actuelles. Elle a aussi enclenché des dynamiques positives, notamment le début d’une structuration par la création du Comité de concertation des métiers des musiques actuelles (CCMA). L’organe rassemble des fédérations professionnelles établies et reconnues par la Fédération Wallonie-Bruxelles, ainsi que de nouvelles fédérations qui couvrent l’ensemble des métiers relatifs aux musiques actuelles.

Le CCMA, réuni en consortium avec le centre de recherche METICES (Migra- tions, espaces, travail, institutions, citoyenneté, épistémologie, santé) de l’Université libre de Bruxelles (ULB) et le Service d’étude en géographie économique fondamentale et appliquée (SEGEFA) de l’Université de Liège (ULiège), a répondu à l’appel à projets «Rayonnement Wallonie», développé en réponse à la crise par le gouvernement wallon, par le biais du Fonds St’art. Le consortium a obtenu les fonds nécessaires pour la réalisation d’une étude d’envergure sur la filière des musiques actuelles. Lancée à la fin de l’année 2020, elle a permis de sonder le secteur durant une année sous le prisme de l’emploi et de la diffusion, pour œuvrer à un renforcement de l’ensemble des opérateurs de la filière.

L’étude visait donc à réaliser un état des lieux des opérateurs actifs dans le secteur, de leurs relations et des rapports économiques et sociaux qui les sous-tendent, afin d’identifier les difficultés systémiques auxquelles ces opérateurs sont confrontés au quotidien. À partir de cette photographie, l’étude met en évidence des priorités d’action pour garantir un développement du secteur musical innovant et une diffusion cohérente, solide et pérenne. Les résultats de l’étude ont été présentés le 15 février 2022 à Namur en présence de mon cabinet. Ils permettront d’affiner et d’enrichir la définition des sept axes de travail du futur contrat de filière des musiques actuelles, tels que prédéfinis dans la note d’orientation et concertés en amont avec le CCMA.

Ces axes sont les suivants: le soutien à la création; le soutien à l’emploi technique et artistique; le développement de la diffusion, en ce compris la diffusion internationale; le soutien à l’industrie du disque; le développement écologiquement responsable de la filière; la professionnalisation de la filière, en ce compris la formation; et, enfin, le développement de l’accès à la musique pour l’enfance et la jeunesse.

Le secteur n’est pas associé à ce projet, mais il en est la source. La prochaine étape sera de transcrire les axes de travail et les résultats de l’étude en propositions concrètes et d’identifier les niveaux de pouvoir qui, en fonction de leurs compé- tences, pourront s’en emparer et prendre part au futur contrat de filière.

Dans ce cadre, la Fédération Wallonie-Bruxelles tient évidemment à jouer un rôle structurant. La reprise à venir des activités dans un contexte post-pandémie donne une occasion au gouvernement de créer un cercle vertueux, en continuant à améliorer et à développer des soutiens spécifiques aux artistes et aux travailleurs et travailleuses culturels et en poursuivant le renforcement de la diffusion

artistique. Cela permettra, à terme, une meilleure activation des droits culturels en rapprochant les œuvres et les artistes des différents publics. Le but sera, pour finir, d’établir et de pérenniser des liens avec de nouveaux publics, un bon exemple étant celui des musiques urbaines ou électroniques qui ont un lien extrêmement puissant avec la jeunesse.

En conclusion, le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles dispose d’une fenêtre d’action unique pour instaurer un mécanisme culturel innovant et co-construit avec le secteur des musiques actuelles. J’entends bien saisir cette opportunité.

Réplique

La démarche est effectivement essentielle pour un secteur qui a longtemps peiné à se structurer, à cause des différences qui existent en son sein, mais aussi de la volonté d’indépendance des opérateurs qui le composent. L’instauration d’un contrat de filière représente une étape cruciale. C’est une fenêtre de tir qu’il ne faut pas manquer. Je suis heureux de vous voir pleinement mobilisée, Madame la Ministre. Vous pouvez compter sur nous pour faire tout le travail nécessaire afin de transformer l’essai.