Question orale sur le bilan de la semaine du cinéma belge

Par Charles Gardier

Question orale de GARDIER Charles à LINARD Bénédicte, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes, sur le bilan de la semaine du cinéma belge.

Madame la Ministre, lors de la précédente réunion de commission, je vous ai interrogée sur le bilan de la Belgian Music Week. Au- jourd’hui, ma question concerne le cinéma belge. En effet, du 5 au 12 février, notre cinéma a été mis à l’honneur sur tous les médias de la RTBF, y compris en radio. La semaine s’est clôturée avec la diffusion de la 11e cérémonie des Magritte du cinéma. Je salue de telles initiatives, qui permettent à notre cinéma de célébrer la richesse de ses talents en Fédération Wallonie-Bruxelles. J’y vois aussi le signe d’une amélioration de la situation, puisque la cérémonie s’est déroulée en présentiel, même si le public était limité aux nominés et aux journalistes.

Madame la Ministre, pouvez-vous dresser un bilan de la Semaine du cinéma belge? De quelle manière la Fédération Wallonie-Bruxelles y a-t-elle été associée? Quel regard portez-vous sur l’organisation de cet événement important pour notre cinéma et son succès? Ne serait-ce pas l’occasion de pousser la diffusion du cinéma belge sur les écrans toute l’année?

Réponse de la Ministre

La réflexion sur la question du genre dans le cinéma et dans le secteur audiovisuel fait partie des chantiers importants sur lesquels mon cabinet et l’administration travaillent depuis deux ans. Plusieurs actions ont été entreprises, dont une analyse de la représentation des femmes dans les productions cinématographiques et les séries télévisées sorties chaque année en Belgique. Elle est effectuée par Sarah Sepulchre et les étudiants et étudiantes du master de spécialisation en études de genre de l’Université catholique de Louvain (UCLouvain).

Par ailleurs, le CCA établit chaque année des statistiques genrées relatives au nombre de dossiers déposés à la Commission du cinéma et aux lauréats. Je soulignerai d’ailleurs certains progrès dans ce domaine. Ainsi, le taux de sélection des projets remis par des femmes est actuellement supérieur à celui des projets pré- sentés par des hommes. De plus, en 2021, tous genres confondus, 33% des projets déposés par des femmes ont été sélectionnés, contre seulement 24% des projets déposés par des hommes. Le travail doit néanmoins continuer, et je m’y attèle.

Mon cabinet entretient également des contacts réguliers avec le collectif Elles font des films, qui milite pour la fin du sexisme dans les œuvres et à toutes les étapes de la filière cinématographique: écriture, développement, production, diffusion et exploitation. Parmi les différentes actions que développe le collectif, j’ai soutenu financièrement, en collaboration avec la Direction générale de l’égalité des chances et le CCA, l’organisation de formations relatives à la lutte contre les violences faites aux femmes sur les tournages. Celles-ci se dérouleront dès cette année et seront accessibles à l’ensemble des professionnels du secteur.

Concernant la cérémonie des Magritte, l’Académie André Delvaux, organisatrice de l’événement, est très sensible à la parité. Il est d’ailleurs encourageant de souligner que, lors de la dernière cérémonie, parmi les films primés se trouvaient cinq films réalisés par des femmes: le Magritte du Meilleur premier film a été décerné à «Un monde» de Laura Wandel; le Magritte du Meilleur documentaire a été décerné à «Petit Samedi» de Paloma Sermon-Daï; le Magritte du Meilleur court métrage d’animation a été décerné à «On est pas près d’être des super héros» de Lia Bertels; le Magritte du Meilleur film étranger a été décerné à «Titane» de Julia Ducournau; et le Magritte du Meilleur film flamand a été décerné à «La Civil» de Teodora Ana Mihai. Enfin, le film «Une vie démente» réalisé par le duo composé d’Ann Sirot et Raphaël Balboni a obtenu le Magritte du Meilleur film. Nul doute que la réflexion se prolongera dans la perspective des prochaines éditions, qui pourraient voir l’introduction de prix non genrés.

Les chiffres d’audience de la 11e édition des Magritte sont effectivement plus bas que ceux des précédentes éditions. Les raisons de cette baisse n’ont pas encore été complètement établies par la RTBF et l’Académie Delvaux. Il importe de souligner que la cérémonie était diffusée sur La Trois, et non plus sur La Deux, et que les audiences réalisées par la soirée des Magritte sont équivalentes à celles observées sur cette chaîne le samedi soir. Le format télévisuel de la cérémonie doit également être remis en question, même si je pense qu’il est nécessaire de conserver des occasions de promouvoir les talents belges francophones. Je ne parle pas uniquement des comédiens et comédiennes et des réalisateurs et réalisatrices, mais aussi de tous les métiers de l’ombre, comme les techniciens et techniciennes, qui font aussi la renommée de notre cinéma. Les Magritte offrent l’occasion de mettre en lumière l’ensemble des métiers du 7e art, sans lesquels il n’y aurait pas de cinéma belge.

Par ailleurs, la Semaine du cinéma belge organisée sur toutes les chaînes de la RTBF a réalisé de beaux scores d’audience, notamment pour les films majoritairement belges qui ont été diffusés en prime time sur La Une, Tipik ou La Trois. Cela démontre que, lorsqu’ils sont diffusés à des heures de grande écoute, les films belges trouvent leur public.

Réplique

Madame la Ministre, une fois n’est pas coutume, je peux difficilement me satisfaire de votre réponse. Je m’interroge sur la pertinence d’avoir joint l’excellente question de Mme Pavet et la mienne. Je ne vois pas en quoi elles portent sur le même sujet, si ce n’est le cinéma. Madame la Ministre, vous avez passé une bonne partie de votre temps à répondre à Mme Pavet, en répondant finalement peu à la mienne.

J’ai entendu que les résultats de la Semaine du cinéma belge avaient été bons, et c’est tant mieux! En espérant que ma question ne soit pas jointe à une autre question n’ayant absolument rien à voir avec la mienne, je vous interrogerai très prochainement sur les conclusions que vous tirez de ce succès et sur ce que nous pouvons imaginer pour continuer à soutenir le cinéma belge. Il mérite une attention particulière, bien plus qu’une semaine par an.