Question d’actualité sur la gratuité des protections hygiéniques féminines approuvée par le Parlement écossais

Par Charles Gardier

Question orale de GARDIER Charles à MORREALE Christie, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes, sur la gratuité des protections hygiéniques féminines approuvée par le Parlement écossais.

Madame la Ministre, il existe bien peu de sujets sur lesquels il devrait n’y avoir aucun clivage entre les différentes formations politiques démocratiques. Je pense évidemment au climat et à la culture, pour lesquels nous devons agir en pensant à nos enfants, et aux enfants de nos enfants pour qu’ils puissent vivre sur une planète saine et culturellement épanouie et libérée.

Aujourd’hui, je pense surtout à l’égalité hommes- femmes. À cet égard, il y a quelques jours, le Parlement écossais a approuvé à l’unanimité une proposition de loi visant à la gratuité des protections hygiéniques féminines.

J’estime que cette décision va dans le sens de l’histoire, car au XXIe siècle aucune femme ne devrait avoir à choisir entre son confort personnel et aller au cours ou travailler, par exemple.

En France, la lutte contre la précarité menstruelle concerne 1,7million de femmes en 2019, c’est 500 millions dans le monde.

Vous pourriez vous dire que ce n’est pas un homme de 55 ans, chauve, grisonnant qui va parler de ce sujet, mais je vous dirais qu’être féministe, c’est être lucide. Dans ce débat, je ne veux pas de différence de genre. Dans ce débat, je ne nous conçois pas comme des hommes et des femmes, mais plutôt comme des êtres humains qui doivent réfléchir à l’avenir de notre société commune.

Il est vrai, je vous le concède, qu’un débat concernant la gratuité des protections hygiéniques féminines ne se tiendra pas dans ce Parlement, mais plutôt au Parlement fédéral. En revanche, l’action sur le terrain, au moyen de centres de planning familial, se décide ici. C’est l’objet de mes questions.

La lutte contre la précarité menstruelle fait-elle intégralement partie des missions des centres de planning familial, comme je l’imagine bien ?

Disposez-vous de statistiques récentes quant à cette précarité en Wallonie comme on en a par exemple en France ?

Une collaboration existe-t-elle, est-elle envisagée avec la Fédération Wallonie-Bruxelles quant à leur localisation éventuelle à proximité de concentration estudiantine, par exemple.

Réponse de la Ministre

Monsieur le Député, je suis touchée que vous vous intéressiez à ce sujet.

J’avais effectivement réagi quand l’Écosse a légiféré sur la question puisque, effectivement, je crois que l’accès aux protections hygiéniques est aussi un droit fondamental et que nous devons l’aborder en Wallonie. Vous l’avez évoqué, c’est un plan principalement des mesures qui doivent être prises au niveau fédéral. Il y a d’ailleurs eu des mesures et des avancées qui ont été engrangées sous l’ancienne législature, notamment avec la baisse de la TVA sur les protections hygiéniques en janvier2018, mais aussi par des propositions de résolution qui ont été déposées encore très récemment. Avant que Ludivine Dedonder ne monte comme ministre de la Défense, il y avait une proposition de résolution là-dessus pour demander la gratuité pour aller dans le même sens que l’Europe. Ces questions-là sont importantes.

Vous avez raison, nous avons, à nos niveaux de pouvoir aussi, quelques leviers pour mobiliser les structures notamment qui travaillent sur la précarité pour les sensibiliser sur les questions de genre et sur les questions de l’accès, notamment dans les relais sociaux par exemple, à la mise à disposition de matériel de ce type.

Je m’engage à porter le point dans le cadre d’une Conférence interministérielle Droits des femmes puisque je reprends la présidence dans quelques semaines, à porter ce point, à le défendre et à structurer les choses pour que nous puissions aussi avoir des avancées dans notre Région.

Réplique

Je vous remercie, Madame la Ministre, pour l’ensemble de vos réponses. On voit bien que vous prenez la pleine mesure, et je n’en doutais pas un instant, de cette précarité, de cette difficulté.

Vous comprenez bien qu’à travers cette question, je voulais attirer votre attention bien sûr, si c’était nécessaire encore, mais j’ai vu que ce n’était pas nécessairement le cas, sur cette précarité menstruelle et je ne doute pas que l’on va revenir sur ce sujet dans les mois à venir.

Je voudrais ajouter ceci, parce que j’ai senti dans mon intervention certains sourires, certains arrêts, certaines interrogations.

Je voudrais vous dire que débattre sur ces sujets touche tout le monde et je crois que l’on doit être capable d’occulter un peu notre casquette politique pour nous rappeler qu’en exerçant nos fonctions, c’est à toutes les Wallonnes et tous les Wallons que nous nous adressons. On doit garder cela à l’esprit et, tout comme le combat sur le racisme ne doit pas être le seul fait des personnes racisées, tout comme le combat contre l’antisémitisme ne doit pas être que le combat des Juifs, comme le combat contre l’islamophobie ne doit pas être que le combat des Arabes, que le combat pour la culture ne doit pas être que le combat des artistes. Ce combat, vous l’aurez compris, il doit être l’affaire de toutes et tous et j’espère que tout le monde l’aura bien compris.