Question écrite sur l’inscriptions aux études en soins infirmiers

Par Charles Gardier

Question écrite de GARDIER Charles GLATIGNY Valérie, Ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion sociale, des Hôpitaux universitaires, de l’Aide à la jeunesse, des Maisons de justice, de la Jeunesse, des Sports et de la Promotion de Bruxelles, sur l’inscriptions aux études en soins infirmiers.

Madame la Ministre, 

Le manque de personnel soignant dans les hôpitaux, les maisons de repos, de soins ou encore les soins à domicile est connu, et ce depuis de nombreuses années. Des services hospitaliers entiers doivent fermer, des patients doivent rester de longues heures en attente de leurs soins par manque de main-d’oeuvre. Le manque de personnel qualifié est criant et le métier est en pénurie. Cependant, cette année encore, le nombre d’inscription en première année de bachelier en soins infirmiers semble être au plus bas.


Pourriez-vous nous indiquer les chiffres d’inscriptions dans les différentes écoles de soins infirmiers ainsi que le nombre de diplômés les dix dernières années ? Un changement dans les inscriptions a-t-il été remarqué lorsque la formation est passée de trois à quatre années ou à la suite de la pandémie de la Covid 19 ? La tendance à la baisse est-elle générale sur tout le territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles ? Des réflexions pour revaloriser ce secteur, primordial pour chaque citoyen, ont-elles été menées ?

Réponse de la Ministre

Nous abordons régulièrement l’attractivité du métier d’infirmier. En effet, ces professionnels représentent le groupe le plus important des acteurs de soins de santé. Il est essentiel, dans une perspective de santé publique, de s’intéresser à l’arrivée de nouveaux infirmiers et aux facteurs qui permettraient qu’ils soient compétents et épanouis. 

Depuis que le bachelier en soins infirmiers a été réformé, les chiffres communiqués par l’Académie de Recherche et d’Enseignement Supérieur (ARES) montrent une baisse progressive  des étudiants inscrits en  « première année » depuis l’année académique 2016-17 (année du passage des études en 4 ans) : on est passé de 3938 inscrits en 2016-17 à 2861 en 2021-22 (nous ne disposons pas encore des chiffres de la rentrée académique 22-23). 

Nous observons cependant une légère augmentation de ces inscriptions entre 2020-21 et 2021-22, respectivement de 2807 à 2861, soit une augmentation de 0,67 %. La crise sanitaire ne semble pas avoir eu un impact négatif sur les inscriptions. Ce métier passionnant qui allie l’humain et la technique, continue de susciter des vocations. Par ailleurs, si on regarde les chiffres sur une ligne de temps plus longue rétroactivement, le nombre des inscriptions en première année en 2021-22 est nettement supérieur à celui de l’année 2007-08 (respectivement 2861 et 2518).

Par ailleurs, il n’y a pas de tendance à la baisse uniforme ou régionale, cela dépend vraiment de la situation chaque année dans chaque établissement. 

Concernant cette rentrée académique, les inscriptions s’étant clôturées le 30 septembre dernier, les chiffres ne sont pas encore disponibles. Néanmoins, il me revient que certaines hautes écoles affichent une légère baisse des inscriptions, d’autres ayant constaté des inscriptions plus tardives que d’habitude.

Quant aux chiffres de diplomation, qui sont une donnée sans doute plus pertinente par rapport à votre question, le total des diplômés s’élevait à 1067 en 2019-2020, première année de diplomation de la formation en 4 ans, contre 1161 en 2020-2021, soit une augmentation de plus de 10%, ce dont on ne peut que se réjouir.

Par ailleurs, la pénurie n’est pas liée au manque d’offres de formation, qui ne sont d’ailleurs pas contingentées. Le pays ne manque pas non plus d’étudiants diplômés. La pénurie s’explique davantage par la désaffection, notamment due aux conditions de travail considérées comme particulièrement pénibles, après l’entrée dans la profession. 

À titre d’exemple, selon le PlanCad Infirmiers 2016, 202 402 personnes étaient cette année-là habilitées à exercer le métier d’infirmier, mais seulement 124 196, c’est-à-dire 76 172 en Communauté flamande et 48 024 en Fédération Wallonie-Bruxelles étaient actifs dans le secteur des soins de santé. 

Le récent rapport du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) appelle à instaurer au plus vite un plan pour les métiers infirmiers, singulièrement pour les soins intensifs, afin de les rendre plus attractifs. Selon le rapport, ce plan doit comprendre, entre autres, une revalorisation salariale et une amélioration des conditions de travail. Ces éléments ne relèvent pas de mes compétences.

Des réflexions sont en cours afin de revaloriser l’attractivité du métier d’infirmier. Au niveau de la formation, la revalorisation passe parla modernisation du modèle de fonctions pour les soins infirmiers du futur. 

Suite aux conclusions des groupes de travail de la task force et en concertation avec les entités fédérées, le Ministre fédéral de la Santé entend modifier la loi relative à l’exercice des professions de soins de santé de 2005 afin de compléter le modèle de fonctions infirmier en y ajoutant 2 profils. Cela contribuera à rendre le secteur beaucoup plus attractif, ce qui représente une priorité pour nous tous. 

Les conditions spécifiques de ces nouveaux profils, concernant l’autorisation d’exercer, les exigences minimales de qualification et la collaboration avec d’autres professionnels de la santé, doivent être précisées par les organes d’avis infirmiers (Conseil Fédéral de l’Art Infirmier et le Conseil Technique de l’Art Infirmier).

Par ailleurs, la Commission de planification de la Fédération Wallonie-Bruxelles veille à tenir compte de la profession infirmière dans le suivi de la planification, car la collaboration entre le médecin généraliste et l’infirmier à domicile permet de diminuer la charge de travail et d’accroître l’efficience du médecin généraliste dans la mesure où celui-ci pourra se concentrer sur des soins plus complexes.

Enfin, l’élaboration d’un plan d’attractivité et de rétention de la profession infirmière est  désormais une priorité de la Conférence Interministérielle Santé publique.