Question écrite sur l’état des lieux de l’inclusion du secteur de l’humour dans les politiques culturelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Question écrite de GARDIER Charles à LINARD Bénédicte, Vice-Présidente et Ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des Femmes, sur l’état des lieux de l’inclusion du secteur de l’humour dans les politiques culturelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Les rétroactes en matière d’intégration de l’humour au sein des politiques culturelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles sont nombreux; qu’il me soit donc permis d’aller droit au but. À la suite de l’adoption en première lecture, par le gouvernement en sa séance du 24 février 2022, d’un avant-projet de décret modifiant le décret «Arts de la Scène», ce dernier est entré dans une seconde phase de concertation, au cours de laquelle les chambres compétentes devaient rendre leur avis en date du 10 avril 2022.
Madame la Ministre, mes questions à ce sujet sont les suivantes:
- Les chambres de concertation vous ont-elles remis leur avis en date du 10 avril dernier? Dans l’affirmative, qu’en ressort-il? Dans la négative, quels sont les avis dont il est encore attendu qu’ils vous soient transmis?
- La préparation du vade-mecum dont vous vantiez le caractère idoine quant à l’aide offerte aux opérateurs suit-elle son cours? Ce dernier sera-t-il prêt pour mai prochain comme prévu?
En outre, lorsque vous déclarez que l’un de vos objectifs prioritaires, «dans le cadre de la révision du décret, est la simplification administrative et l’allègement des démarches.» Je suis certain que le secteur vous rejoindra sur ce point, tout comme il sera en demande de réelles avancées quant au résultat de nos travaux dans l’exercice de leur métier, je pense notamment aux nouvelles opportunités là où l’humour n’était jusqu’ici pas programmé. Dès lors Madame la Ministre :
- Quelles sont les pistes que vous envisagez en termes de potentiels débouchés offerts par cette reconnaissance?
- Le secteur pourra-t-il bénéficier d’aides octroyées par Wallonie-Brucelles International (WBI)?
- Pourra-t-il en outre avoir accès aux Tournées Art&Vie et/ou être incorporé dans les futurs contrats programmes qui seront prochainement renouvelés?
Réponse de la Ministre
Les Chambres de concertation ont remis leurs avis formels sur l’avant- projet de décret concernant la reconnaissance et le subventionnement des Arts de la scène. Ces avis sont parvenus à mon cabinet le 13 avril dernier. Outre l’avis des deux Chambres concernées (musique et arts vivants), j’ai reçu un avis détaillé des services du gouvernement ainsi que deux avis d’initiative, un de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) et un du M-Collectif.
Tous les avis sont positifs excepté celui de la Chambre de concertation des arts vivants qui, je ne vous le cache pas, est plus réticente sur le texte en l’état. Une réunion a eu lieu avec des représentants des deux Chambres ce jeudi 28 avril à mon cabinet pour avancer ensemble sur l’amélioration du texte.
Certaines des demandes sont légitimes et nous travaillons d’ores et déjà à les intégrer dans le texte: par exemple, la Chambre de concertation des arts vivants demande une meilleure prise en compte des réalités des compagnies et notamment de leur logique d’emploi. Logique à laquelle est conditionné l’accès à certains types d’aides. Nous avons d’ores et déjà proposé que les équivalents temps plein (ETP) nécessaires pour accéder à un contrat programme s’entendent de manière souple (telle que la possibilité de cumuler différents modèles d’emploi: contrats de travail, bureau social pour artistes, factures) et ne soient pas un prérequis cependant, ils devront être envisagés dans le contenu de la demande. Nous allons également devoir clarifier la notion «d’auto-évaluation» qui doit être vue comme une mesure de simplification administrative permettant aux opérateurs de ne plus remettre chaque année un rapport d’activité quantitatif et exhaustif, processus perçu comme potentiellement lourd. Ce n’est pas notre volonté. La crainte de certains opérateurs de devoir travailler avec des subventions structurelles sur un temps plus court nous a également incités à faire évoluer certaines dispositions du texte.
Je tiens également à préciser que la Chambre de concertation des arts vivants n’a pas «réécrit complètement le texte», mais a fourni un tableau comparatif de l’ancien texte et du nouveau en pointant les points qu’elle désirait voir amendés. Je vais être très honnête, il y a des demandes avec lesquelles je ne peux être en accord. Par exemple, quand je parle d’inscrire les Arts de la Scène dans une logique d’activation et de respect des droits culturels, cela implique évidemment un principe immuable de liberté de création qui est en d’ailleurs un fondement. Une politique culturelle se doit de comprendre une réflexion sur l’accessibilité de la culture au plus grand nombre et sur tous les territoires. C’est d’ailleurs la feuille de route que le gouvernement s’est donnée. Cela implique d’intégrer dans les textes des objectifs de représentation plus équilibrée des femmes et des hommes, de pratiques plus durables et d’inclusion. Je sais que certaines fédérations siégeant à la Chambre de concertation des arts vivants estiment que la création doit être dissociée de ces enjeux et je ne peux pas être d’accord avec cette posture. À l’inverse, la Chambre de concertation des musiques, les services du gouvernement, mais aussi la SACD l’ontexprimé très clairement dans leur avis, elles soutiennent la prise en compte de ces questions. Les Arts de la scène doivent questionner la société dans laquelle nous vivons pour cela ils doivent en être le reflet. C’est dans cette optique que j’œuvre à l’élargissement des champs culturels en inscrivant par exemple, l’humour ou l’improvisation dans les différents domaines des Arts de la Scène. Des experts de ces secteurs pourront intégrer les commissions d’avis et des projets relevant de ces disciplines pourront être soutenus par la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Pour compléter ma réponse, j’ajouterais que de nombreux spectacles d’humour sont, d’ores et déjà, éligibles aux aides à la diffusion telles qu’«Art et Vie» suite à la mise en place du Plan de soutien à la diffusion. Les aides à la diffusion internationales octroyées par WBI sont du ressort du ministre-président je vous invite donc à lui relayer votre question.
À titre personnel, je trouve très sain que les Chambres de concertation jouent leur rôle démocratique et il est sage que les avis ne soient pas unanimes. C’est ce qui permet d’améliorer le texte et d’éviter d’éventuels écueils. Comme toujours, les avis rendus font l’objet d’une lecture attentive et exhaustive de mon cabinet. Après la réunion prévue avec le secteur, le texte sera proposé au gouvernement en deuxième lecture dans le courant du mois de mai.
Dès cette deuxième lecture, les Services du gouvernement ont prévu d’entamer l’accompagnement des opérateurs dans la construction de leurs dossiers notamment via la publication de «vade-mecum» informatifs et la mise en place de plusieurs séances d’information à Bruxelles et en Wallonie.
Nous mettons tout en œuvre pour aboutir à un texte équilibré qui, d’une part, permettra de sécuriser et de pérenniser le travail des artistes et des opérateurs en Arts de la Scène et, d’autre part, ancrera durablement les Arts de la Scène dans les politiques culturelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles.