Question écrite sur les aides disponibles pour les tiers-lieux
Question écrite de GARDIER Charles à LINARD Bénédicte, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes, sur les aides disponibles pour les tiers-lieux
Il y a quelques semaines je vous interrogeais concernant les aides post Covid aux tiers-lieux qui pouvaient bénéficier des tournées arts et vies. Vous aviez laissé une porte ouverte concernant des moyens toujours disponibles à ce jour, ainsi que des travaux relatifs au décret diffusion qui pourraient intégrer des possibilités financières pour les tiers-lieux, tout en soulignant que les dispositifs de relance ne devaient pas s’allonger dans le temps.
Madame la Ministre, mes questions sont les suivantes :
- Quels sont les moyens toujours disponibles dont les tiers-lieux pourraient bénéficier ?
- Quelles sont les solutions envisageables pour les tiers-lieux qui ont d’ores et déjà planifié des spectacles jusqu’au mois de décembre 2023 ?
- Où en sont les travaux relatifs à ce décret diffusion ?
- Des pistes sont-elles d’ores et déjà envisagées sur la manière d’intégrer les tiers-lieux dans ce décret ?
Réponse de la Ministre
Votre question me donne l’occasion de m’arrêter quelques instants sur la notion de tiers-lieu. Celle-ci est assez neuve dans le paysage de la Fédération Wallonie-Bruxelles et il me semble intéressant d’en dresser les contours.
Un tiers-lieu c’est avant tout un lieu de proximité, c’est un espace ouvert où une communauté peut se réunir, échanger et partager ressources, compétences et savoirs. Il n’est ni la demeure, ni le lieu de travail, mais un lieu de sociabilité, de médiation, d’innovation et d’émergence. Il peut proposer des services, des équipements, des conseils, des ateliers ou des évènements. Il peut être pérenne ou éphémère, et il a souvent pour objectif de promouvoir le territoire sur lequel il est implanté.
Vous en conviendrez, le périmètre est très large. L’on parle ici d’une maison rurale, d’un espace de travail partagé ou d’un café-théâtre de quartier. Cette importante variété implique que ces lieux relèvent souvent de plusieurs compétences et n’ont pas une vocation uniquement culturelle, c’est pourquoi des projets sont menés notamment au niveau régional sur la thématique des tiers lieux. Ma collègue Céline Tellier a par exemple lancé un appel à projets d’envergure afin de soutenir la relocalisation des services en zone rurale via le déploiement de « tiers-lieux », pour un budget total de 12 millions d’euros.
En Fédération, des tiers-lieux à vocation culturelle, par leurs activités, font appel à des champs culturels aussi variés que les arts de la scène, les arts plastiques, l’éducation permanente ou l’action territoriale. A ce titre, ils peuvent se tourner vers la commission transversale de la Culture (CTC) dont les axes et les critères d’analyse ont été réformés récemment. Ces initiatives cadrent avec les axes qui sous-tendent l’octroi de ces subventions : volonté d’encourager la mutualisation et la culture durable, favoriser la diversité culturelle et l’inclusion.
Comme je vous le détaillais dans ma réponse le 28 février dernier (RQO3), le Gouvernement a, de manière très conséquente, augmenté les budgets relatifs aux aides à la diffusion via les budgets exceptionnels du « SACA ». L’objectif poursuivi était double : offrir un débouché de diffusion à des spectacles trop longtemps en incapacité de tourner et d’autre part de permettre aux publics de renouer un lien avec la culture.
Le Gouvernement avait posé des balises budgétaires claires qui prévoyaient une utilisation de ces crédits exceptionnels jusqu’à la fin de la saison 2022-2023. Donc jusque fin août 2023.
Cette amplification des moyens était concomitante avec un élargissement du périmètre. C’est ainsi que des opérateurs historiquement moins identifiés pour des missions de diffusion culturelle ont été inclus dans les mécanismes d’aides à la diffusion tels que « Art et Vie » ou « Spectacle à l’école ». Cette mesure a rencontré un réel succès. Je pense notamment aux bibliothèques ou aux musées qui ont proposé de nombreux moments de diffusion en leur sein. Ceci cadre tout à fait avec mon objectif premier qui est de rendre la culture accessible à plus de citoyens et citoyennes.
Le travail sur le décret visant à clarifier et pérenniser les aides relatives à la diffusion se poursuit. Mon cabinet y travaille en lien étroit avec le service de la diffusion de l’Administration générale de la Culture. Un premier projet est en cours de finalisation et sera présenté au Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles avant l’été. Il sera ensuite envoyé pour demande d’avis au conseil supérieur de la culture qui sollicitera et synthétisera les avis des chambres de concertation concernées.
Le décret suivra ensuite la voie législative : 2ème lecture en Gouvernement, avis du conseil d’état, 3ème lecture et soumission du projet au Parlement.
Le projet de texte est enrichi par l’expérience menée lors de l’amplification des moyens et l’élargissement du périmètre, j’entends pérenniser l’inclusion d’opérateurs historiquement moins reconnus pour leur diffusion culturelle mais qui se sont avérés être des relais extrêmement importants pour garantir l’accessibilité de la culture pour le plus grand nombre. Les tiers-lieux en font partie.
Je vous remercie pour votre question.