Question d’actualité sur les conséquences économiques du Grand Prix de F1 de Belgique 2020 en l’absence de public
Question d’actualité de GARDIER Charles à BORSUS Willy, Ministre de l’Économie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME et des Centres de compétences, sur les conséquences économiques du Grand Prix de F1 de Belgique 2020 en l’absence de public.
Monsieur le Ministre, ce week- end, se déroulait, à Spa-Francorchamps, le Grand Prix de Belgique de formule 1.
Au-delà de l’aspect sportif qui, dans le contexte, est finalement anecdotique, on a pu relever trois grandes absences.
La première de ces absences – on peut s’en réjouir –, c’est que, à ma connaissance, on n’a pas détecté de cas de covid-19 pendant ce week-end de Grand Prix, l’occasion évidemment de tirer un coup de chapeau aux autorités, aux organisateurs, qui ont fait preuve de beaucoup de sérieux dans ce contexte difficile.
La deuxième grande absence, c’était la pluie. Un peu comme pour la fête nationale, quand il n’y a pas la pluie, il manque quelque chose au Grand Prix de formule 1.
Puis, plus sérieusement, la grande absence, c’était celle du public.
On peut se réjouir – je ne manque pas de le faire – de la tenue de ce Grand Prix de formule 1. Cela a permis de limiter la casse pour certains acteurs économiques, mais cela n’a pas été le cas de tous ces acteurs économiques.
Il y en a beaucoup qui ont vu la différence avec une année normale. Par exemple, en 2019, 89 000 spectateurs se sont rendus dans le public avec plein de retombées pour toute une série de secteurs. Ces retombées ont d’ailleurs été mesurées à près de 50 millions d’euros. C’est l’occasion de rappeler que, pas que sur ce week-end-là mais bien au-delà, ce Grand Prix de formule1, ce sont énormément de retombées économiques.
J’imagine qu’il est beaucoup trop tôt pour disposer d’informations exhaustives sur les conséquences économiques de ce Grand Prix réalisé en huis clos. Cependant, pouvez-vous dresser un premier bilan des recettes qui ont tout de même pu être récoltées ? Pouvez-vous faire de même avec le manque à gagner d’un point de vue économique ?
Je vous remercie par avance pour vos réponses.
Réponse du Ministre
Monsieur le Député, soulignons tout d’abord, comme vous avez pu le faire, que, suivant les indications qui me sont parvenues, l’application stricte du protocole sanitaire, à la fois le protocole national et le protocole de la Fédération internationale, a permis de gérer la situation du point de vue sanitaire. À ce stade, je m’en réjouis, aucun cas de covid-19 n’a été identifié.
Au niveau économique, on est effectivement dans une situation totalement différente puisque l’on estime que l’on peut avoir une fréquentation de 250 000 personnes, total cumulé sur trois jours, dans le cadre d’un grand prix organisé en présentiel. On était évidemment ici avec une présence limitée uniquement aux professionnels, participants et intervenants directs des écuries, par exemple. Ils ont tout de même représenté une présence de plusieurs milliers de nuitées au total au sein de 47 hôtels, chambres d’hôtes ou gîtes dans la région. On mesure à quel point le différentiel est important puisque l’on estime que les retombées directes sont de l’ordre de 21 millions d’euros du Grand Prix. Si j’ajoute les retombées économiques indirectes, on arrive effectivement aux sommes que vous venez de mentionner. Les communes aussi, hélas, ont une perte de recettes en termes de taxes liées au Grand Prix que l’on estime à 8 % en base annuelle.
Notons cependant que la négociation menée a permis de garantir jusqu’en 2022 la présence du Grand Prix, c’est-à-dire une année supplémentaire. Notons aussi qu’un certain nombre de pays et de villes étaient demanderesses, n’attendant que l’annulation d’un grand prix pour s’engouffrer dans la brèche. Nous avons pu éviter cette situation.
Notons également que, notamment en faveur de la nouvelle charte graphique créée par Wallonie Bruxelles Tourisme, la visibilité pour notre pays et pour notre Région a été importante. On estime qu’un trend de 26 millions de téléspectateurs a pu suivre la course, ce qui représente, tout au long du week-end, une très belle visibilité internationale pour notre pays, avec la satisfaction des professionnels, des pilotes, des écuries et des organisations, de belles indications de pérennisation de l’événement, avec les retombées socioéconomiques très importantes que vous mentionnez pour notre Région.
Mon analyse est que cette édition a permis de consolider cette place forte que représente Spa- Francorchamps qui, comme chacun le sait, est le plus beau circuit du monde.
Réplique
Je vous remercie, Monsieur le Ministre, pour toutes ces précisions.
Je suis entièrement d’accord avec vous sur le fait qu’il fallait se battre dès cette année pour maintenir un grand prix de formule 1. Chaque renégociation de la tenue de ce Grand Prix fait l’objet de tractations difficiles, et d’autres villes et régions dans le monde attendent la moindre occasion pour se saisir de cette vitrine fabuleuse. Vous en avez parlé, ces millions de spectateurs sont importants. Dans le contexte actuel, on a encore plus besoin de cette vitrine pour vendre au mieux toute notre Région.
Je pense vraiment que c’est un attrait touristique et économique très important et de grande ampleur pour toute une série d’acteurs locaux. N’oublions pas les campings, les gîtes, l’HORECA en général, des clubs, des associations, différentes structures qui vivent non seulement du Grand Prix de formule 1, mais de l’attrait qu’un circuit accueillant un grand prix de formule 1 a tout au long de l’année.
Réjouissons-nous tout de même – c’est vrai et vous l’avez dit – du succès organisationnel de l’édition 2020.
Cinquante pour cent de quelque chose, c’est évidemment beaucoup plus que 100 % de rien. Il y a eu cette proactivité, ce désir de le faire. On voit à quel point il est difficile de se remettre en marche et d’avoir ce type d’activité.
Soulignons encore une fois le sérieux de l’organisation. J’espère simplement que les gradins de Spa-Francorchamps soient aussi remplis que possible dès 2021 pour préserver cet outil et le spectacle offert.